Que fait-on de la productivité, du « Lean management », du zéro stock, de la concurrence libre et non faussée ou encore des KPIs (« Key Performance Indicator »), tous au service de la performance ?

Réponse Dans les années 1980, la robustesse ne prenait pas du tout en compte les fluctuations immenses qui nous attendent. Il s’agissait d’une dose cosmétique de robustesse. Par exemple, dans ces années-là, on fabriquait des produits fragiles pour stimuler la surconsommation grâce à l’obsolescence programmée, mais pas trop fragiles quand même pour ne pas souffrir d’un mauvais bouche-à-oreille. La révolution de la robustesse prend acte des fluctuations socio-écologiques en cours et à venir. C’est maintenant la performance qui doit être cantonnée à un rôle cosmétique. Il ne s’agit donc plus de fabriquer et vendre des produits un peu moins fragiles ; les futurs produits devront impérativement être réparables à vie, localement, et si possible par les citoyens eux-mêmes. De même pour les organisations : l’adaptabilité l’emportera sur l’agilité.

Par ailleurs, la robustesse des années 1980 se limitait au cadre de la loi de l’offre et la demande ; elle ignorait le lien à la planète et au vivant. La civilisation de la robustesse en construction s’aligne avec la loi de la vie, c’est-à-dire la loi des besoins et des ressources, en tenant compte des limites planétaires, des fluctuations écologiques et des pénuries matérielles. La robustesse d’un projet d’entreprise, d’une association ou d’une collectivité territoriale ne peut plus ignorer la composante environnementale. La santé commune discutée plus haut donne une méthode pour faire ce lien, en inversant la place du modèle économique. Un manifeste sur ce sujet, porté par l’Institut Michel-Serres, est d’ailleurs disponible aux Éditions Utopia.
Auteurice de la réponse Olivier Hamant
Réponse ? Oui