Si je pars le premier sur le chemin de la robustesse, je vais me faire manger tout cru par mes concurrents. La réglementation actuelle privilégie le contrôle et l ’optimisation, et ne m’incite pas non plus à aller vers la robustesse.

Réponse La robustesse implique nécessairement une démarche située et plurielle, construite localement, et alignée sur les fluctuations globales. En pratique, le basculement vers la robustesse requiert des investissements en temps, en ressources humaines et en finance. On ne peut pas basculer quand on est à quinze jours de la cessation de paiements. C’est trop tard. La robustesse se met en place progressivement, quand on a encore des marges de manœuvre. Il est donc important de la lancer sans dogmatisme (pour pouvoir survivre dans un monde où la compétitivité domine encore) et avec courage (car la trajectoire vers la robustesse est inéluctable). Trouver cet équilibre devrait être la nouvelle fonction première des décideurs.

Si la réglementation, encore souvent liée au monde du contrôle et de la performance, gêne le développement de la robustesse, alors il faut envisager d’être non pas hors la loi, mais devant la loi. C’est-à-dire développer des projets pilotes, comme autant de preuves de principes où écologie et économie sont réconciliées. L’exemple de la première régie municipale agricole à Mouans-Sartoux, où la ville produit les aliments de ses écoles localement, en est un parfait exemple. Il a bien fallu devancer les réglementations sanitaires dans ce cas, et la loi nationale a suivi. Il s’agit d’une nouvelle inversion : il ne faut pas attendre de la loi qu’elle autorise les stratégies de robustesse ; ce sont les initiatives locales robustes qui changeront la loi.
Auteurice de la réponse Olivier Hamant
Réponse ? Oui