En amont

Les participant.e.s ont été sollicités pour exprimer une question, un sujet, un retour d'expérience. Dans cet échange il s'agit de retours d’expérience sur comment introduire la robustesse dans un cursus de formation, avec probablement une grande diversité de façon de faire selon les domaines de formation, le contexte de l’établissement et l’histoire de l’enseignant. Et puis comme le décrit Olivier Hamant dans le café sur Robustesse et enseignement on ne peut pas traiter de la robustesse dans un mode pédagogique classique (du maitre qui transmet un savoir). Aussi, nous souhaitons nous intéresser aux modalités pédagogiques mises en œuvre qui facilitent l’implication des apprenants et la coopération. Par exemple pour la transition la participation à des projets du territoire est facilitatrice d’une compréhension active. Et d'autres questions au delà d'une initiative comment en favoriser la diffusion parmi les enseignants, dans les formations ?


Ce semestre, nous avons évoqué pour la première fois le concept de robustesse (que j'ai découvert l'an passé) dans notre enseignement, et je souhaite m'appuyer plus fortement dessus pour la prochaine édition : la robustesse est à mon avis un bon point de vue pour aborder la TES, une façon de "positiver" le rôle nouveau de l'ingénieur.

Voici ma première contribution :
Pour initier ce premier échange, je voudrais aussi vous solliciter pour exprimer une question, une réflexion ou un retour d'expérience autour de Robustesse et enseignement, une question très en prise avec mes préoccupations actuelles :
"Le concept de robustesse (O Hamant) est-il véritablement une nouvelle piste de transformation écologique et sociétale (TES), ou est-ce (seulement) un nouveau narratif/point de vue/décentrage ?"

Questions liées :
  • "Evolution vs révolution : la robustesse évitera(it)-elle l'effondrement, ou est-elle l'effondrement ?"
  • "Robustesse : que peut-on garder de la société actuelle ? que faut-il jeter ?"
  • "Robustesse et métier (ou formation) d'ingénieur : ça change quoi ?"


Merci pour le partage. Pour ta question principale, je dirais les deux. En effet, c'est un nouveau narratif/point de vue/décentrage (et j'ajouterai : paradigme de pensée) qui me semble nécessaire à la transformation écologique et sociale. En tout cas, une maniere de définir ce qu'est cette TES... car oui, on a beau utiliser un vocable commun, parfois (souvent !) il ne correspond pas aux mêmes intentions et objectifs. Du coup, la robustesse et donc la capacité de résilience face à un monde beaucoup plus vulnérable et en polycrise, ça me semble donner une vision plus précise et qualificative de ce qu'on entend dans cette TES.
Autres questions:
  • la robustesse sert selon moi à éviter l'effondrement (attention, à voir de quel(s) effondrement(s) tu parles, on pourrait surement débattre là dessus !)
  • waw, intéressant ce questionnement de ce qu'on  veut garder, ce qu'on veut jeter ! franchement, faudrait en faire un atelier en intelligence collective avec pluie d'idée, mise en débat mouvant, etc.
  • pour moi ça change completement le rôle de l'ingénieur en lui donnant la possibilité de REFUSER si ça ne correspond pas à ce qu'on lui a enseigné. De deux manieres : premierement, si on enseigne la robustesse aussi comme une pensée critique et politique de l'existant (voir les posts linkeding de Hamant "Ringardriser la performance") alors les ingénieur.e.s n'auront pas envie de contribuer au culte de la performance qui fragilise nos sociétés ; deuxiemement, si on enseigne la robustesse comme nouveau paradigme de l'ingénieur, il ne SAURA PLUS faire de la performance au sacrifise de la robustesse et de facto ne pourra plus contribuer au désastre en cours par "manque de compétence" (ce que je trouve franchement jouissif et un poil cynique quand on demande aux ingénieurs de "résoudre les problemes de demain" ;) ).
J'ajouterai une chose que j'ai beaucoup aimé dans une présentation d'O. Hamant, c'est le fait que penser "robustesse" c'est aussi penser "coopération" et donc savoir dire "je ne sais pas", en changeant donc la culutre du leader qui possede le pouvoir (et libérerait également de la pression par la même occasion).


De mon point de vue, la robustesse n'est pas une piste de transformation pour éviter l'effondrement car il est inéluctable mais avant tout un nouveau point de vue pour s'adapter aux effondrements qui s'annoncent.
Effondrement inéluctable car lié à notre modèle économique et que vouloir le changer est tout simplement improbable ; comment croire que les principales puissances vont se mettre d'accord pour arrêter l'extraction d'énergies fossiles, de minerais ou la recherche de croissance ? Nous ne sommes clairement pas dans cette dynamique.
La robustesse nous rappelle tout simplement que lorsqu'on ne sait pas à quoi se préparer il faut maximiser les relations sociales, simplifier les technologies en les rendant réparables pour que nos besoins essentiels soient pourvus le plus localement possible : alimentation, énergie, sécurité, communication.

En fait, j’ai du mal à parler « d’effondrement » car il n’est pas quelque chose d’instantané mais dilué spatialement et temporellement et représenté par des « impacts » sur nos systèmes (qu’on pourrait appeler policrise mais perso j’aime pas trop car la crise implique un retour à « l’état d’avant »).

Du coup, pour moi c’est en fait se rendre compte qu’on ne va pas se retrouver « trop » dans la merde face a cela en ayant une culture de la robustesse dans différents endroits où par exemple il y a déjà une resilience locale par des outils robustes qui ne dépendent pas/peu d’un macro-système technique qu’on ne maîtrise pas… et donc les conséquences.

colloque QPES "Écosystèmes de formation : pour quelles transformations ?" du 19 au 23 mai 2025 à Brest qui aborde les mêmes problématiques dans le cadre de l'enseignement supérieur.

J'ai un point d'entrée d'ingénieur intéressé par les systèmes robustes depuis longtemps (Internet est tout de même une réalisation particulièrement robuste), et je me pose la question de comment cela devrait se décliner dans les formations (je ne suis pas sûr qu'il y ait un corpus solide pour construire une formation). Je suis aussi fasciné par le caractère interdisciplinaire de la robustesse au sens où nous allons l'aborder. Certes la question du vivant est centrale, mais aussi la dimension sociale, coopérative, ... Elle est avant tout culturelle si j'ai bien suivi, et c'est sans doute le noeud gordien de l'approche.

Impatient de voir quel objectif collectif nous allons faire émerger.


réseaux EEDD (https://www.graine-ara.org/ et https://frene.org/ )

Ingénieur de formation (formation continue, formation-développement) et ingénieur de projet écosystémiques / complexes / territoriaux / multi-partenariaux public-privé s'inscrivant dans les transitions écologiques et socio-économiques avec une spécialisation sur le secteur de l'ESS et aussi dans les pratiques de coopération via la facilitation et la médiation
Passionné par la "3ème voie du vivant" avec ses concepts de robustesse mais aussi de circularité, de coopération ... Olivier à mis des mots et mis en sens mon projet d'activité de 30 ans !!

Au plaisir d'échanger, coopérer, mutualiser, co-construire ...



A la question des "modalités péda active" en formation, voici 4 ressources issues du secteur de l'éducation et la formation à la nature et l'environnement :


Enjeux de pédagogie autour des sujets d'environnement, d'aménagement et de transition/transformation socio-écologique. Je pratique la permaculture dans différents projets depuis 25 ans. Je m'intéresse aux principes du vivant et in fine donc aux principes sous-tendus par la robustesse (sous d'autres vocables) depuis 1995.

Riposte Créative Territoriale (avec le CNFPT) Pédagogique et Bretagne
cercles apprenants et mise en oeuvre de dynamique de coopération ouverte s'appuyant sur l'outil yeswiki.
Forum des usages coopératifs

mise en place d’une communauté apprenante sur la transformation de l’ingénierie avec des enseignants de différents établissements. Cadre théorique de compétences a partir d’un croisement de différents travaux de recherche pour arriver à une base de 5 macros champs : systémique, conception soutenable , éthique, action, prospection.
Riposte créative pédagogique en parallèle, questionnements et difficultés liées à la transformation des enseignements, notamment sur la posture + que sur le fond.
Récemment, je travaille avec quelque personnes sur l’utilisation des pratiques du Travail Qui Relie pour la transformation des organisations, et donc appliqué aux écoles d’ingénieur.e.s. La robustesse est un concept que j’ai découvert récemment (au sens d’O. Hamant j’entends), et je pense qu’il y a des liens à faire avec la notion de coopération, d’entraide et de transformation des écoles.
Au plaisir !


Didacticienne des sciences et aussi coordinatrice de projets EDD, climat, nord-sud... Conceptrice de formations pour adultes en EDD et santé environnementale ( one health).
Association EFDD et dans les réseaux internationaux ( membre reunifedd).
Master international francophone de formation de formateurs en EDD 100 % en FOAD, porte et co-cpnstruit par l'université de Bondoukou en Côte d'ivoire, de Yaoundé au Cameroun et lubumbashi et Kinshasa en RDC avec l'appui du reunifedd.
Le concept de robustesse m'interpelle et serait intéressant à discuter aussi sous l'angle des adaptations transformations vers une durabilite forte et avec des prismes de valeurs venant de visions partagées avec le sud.